Une interview de Dorylak par Doryak

[Admin]

- Bonjour Dorylak, je viens de lire ton rapport sur la situation de Mensa, il semble qu'après moultes années revêches, notre asso aille mieux. Est-ce le cas?

Bonjour Dorylak,

il faut tout d'abord dire que Mensa revient de loin. Un observateur de la fin des années 80 n'eût certainement pas beaucoup parié sur sa persistance. Il restait alors 400 adhérents; il n’y avait pratiquement plus d'activité. Pour prendre une image médicale, un physiologue eût pu dire que l’électrocardiographe de Mensa était en la phase arythmique précédant le calme plat…

Aujourd’hui, Mensa se porte mieux, mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Le travail nécessaire pour transformer notre asso en quelque chose de plus conforme à son objet (c.-à-d. en un club agréable à vivre, utile à la société et à ses adhérents) est important. Le Comité actuel, auquel j’appartiens, s'y emploie. Il fait de son mieux, mais n'a aucun pouvoir magique. Les difficultés à surmonter sont immenses.

Ce serait alors bien, et même extraordinaire, si plus de membres s’impliquaient.

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- Quels sont, selon toi, les principaux obstacles au développement de Mensa?

1\ Le maître-problème de notre asso est d’ordre organisationnel, à mon avis. Beaucoup n'en n'ont pas conscience, mais la geste phylogénétique conduisant peu-à-peu à la séparation entre humains et surdoués commença (pour le meilleur ou pour le pire) il y a beautemps maintenant. Beaucoup de PEPITOs (Petit Enfant avec un Potentiel Intellectuel Très Oulala) arrivants actuellement sur le marché ont des parents également mutants.

L'objet de mon propos n'est pas de discuter du début de notre mutation. Mais il est un fait regrettable la concernant, elle a entraîné une lente et irrépressible dégringolade économique de notre minorité tout le long des siècles antérieurs.

Cette dégringolade concerne évidemment Mensa au premier chef. Notre club est une asso de fauchés pas possible, largués par le Système. Il est difficile de faire participer nombre d'adhérents à des choses ne concernant pas leur survie économique immédiate.

2\ Le second problème (lié au problème indiqué supra) est l'apathie générale. Beaucoup de membres s'inscrivent, viennent à une ou deux réunions, puis c'est fini. On ne les revoit plus; ils ne communiquent plus; ne proposent plus rien… et démissionnent quelque temps après.

Evidemment, lorsqu’on s’occupe de surdoués il faut accepter ce "folklore"; ou pour le moins, il faut faire avec. Mais c’est assez impressionnant, voire même décourageant. Evidemment, tous les membres de notre asso, n'ont pas cette attitude de peigne-machin, sinon ce serait à désespérer.

3\ Le troisième problème de Mensa est d'ordre externe. Notre asso reste isolé du mainstream de la société française. Les raisons en sont profondes et difficiles à dominer.

La France est une société ancienne, hiératique et cloisonnée. Le surdouement ne fait pas partie de la doxa nationale et c’est difficile de l'y inclure. Il y a une gêne certaine de la part de l'élite française décisionnelle (celle qui à accès au crachoir) à aborder ce genre de problèmes.

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- Quelles sont, selon toi, les raisons de l'apathie des surdoués évoquée plus haut?

Les raisons sont interdépendantes et multiples: éducationnelles, psychologiques, économiques, etc.

1\ Pour ce qui concerne les problèmes éducationnels, la majorité des surdoués est simplement mal élevée. Beaucoup étant issus de classes sociales basses, ils sont certes instruits (l'instruction est maintenant un bien commun) mais très mal éduqués.

Leur mode de participation mensaïque est calqué sur leur mode de participation sociale générale. Ils s'attendent à être pris en charge par une sorte d'énarchie avec laquelle ils pourraient entretenir des rapports de type "on nous exploite"; ils ne se voient pas copropriétaires de ce club et ne se sentent aucunement obligés par leur adhésion.

Pour résumer, on peut dire que leur égrégore sociale est habitée par les fantômes du Supermarché. On ne peut certes pas leur reprocher leur ignorance en la matière, ils utilisent le seul mode socio-participatif qu'ils connaissent. Mais il faudrait policer ces barbares, ce qui n'est pas toujours facile.

2\ Pour ce qui concerne les problèmes psychologiques et psychosomatiques

- Certaines gens trouvent bon d'exprimer leur "syndrome de Münchhausen" sur le dos des assos de surdoués [ce syndrome consiste à tourmenter quelqu'un pour obtenir son attention], ils essaient alors de saboter nos clubs dans le but de se caractériser.

- D’autres ont également développé un fort sentiment d’amour-haine avec le talent de l'esprit et ont des comptes à régler avec le surdoués. Ce sont des abrutis qui en ont pris "plein la poire" lorsque qu’Ils étaient (à l’instar du petit Pimousse) petit; maintenant, ils essaient de se venger sur nous.

Personnellement, je pense que, s'ils se sont fais taper dessus quand ils étaient petits c'est bien fait, il s'agit en quelque sorte de justice proactive…

- Il faut également évoquer l'égocentrisme natif de beaucoup de surdoués. L’alimentation énergétique du cerveau des mutants est essentiellement identique à celle d’un cerveau d’andouille. Les surdoués font pourtant travailler plus intensément leur mèmocortex. [Le mèmocortex est partie du cerveau traitant les strockes de conscience] Mais ils ne le peuvent faire qu'au dépend des autres acteurs corticaux et notamment au dépend du paléocortex. [Le paléocortex est la partie du cerveau traitant notamment les instincts].

Leur paléocortex proto-ischémique aura ainsi tendance à battre la campagne et la breloque, occasionnant ainsi un affaissement généralisé des instincts, et notamment de l'instinct de grégarité.

3\ Autres raisons

Il y a plein d’autres raisons à cette apathie, on peut notamment citer la fatigue psychologique due au stress d’adaptation, et la liste est presque infinie. La lutte pour la participation sera longue…

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- Quels son les principaux points forts de notre asso?

Une nouvelle génération (moins malade) arrive peu-à-peu. Et selon moi, il est temps qu’ils se dépêchent d’arriver, car les habituels égocentriques et cinglés faisant l’ordinaire de nos clubs, me dépriment énormément.

La participation féminine s’amplifie, ce qui est un gage de représentativité, d’amélioration de l’image de marque générale de notre minorité et surtout d’équilibre.

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- Merci pour cette interview.

Merci, merci.