Nannerl

[Pierre Equey]

J'ai eu récemment une discussion avec un ami à propos de Mozart. Selon cet ami,il y aurait un malaise à propos de ce compositeur: "- Son œuvre est récupérée par le Système, il n'est qu'un cheval-de-Troie du consumérisme" me dit-il.

"- Et bien, la belle affaire" ai-je astucieusement répondu, "c'est vrai, Mozart a été mis en coupe réglée par des marchands-du-temple; mais, le fait d'être en tête-de-gondole à la Fnac ou d'être sponsorisé par les Fraises Tagada empêche-t-il d'avoir du talent?"

Il est alors certain que le Système dans lequel nous vivons est de plus en plus difficile à vivre pour de nombreuses gens. Mais n'empêche: rien, ni personne, (pas même notre Système actuel) ne peut se tromper universellement. Et peut-être faut-il aussi apprendre à prendre ce que ledit Système est en mesure de donner...

[b]La soeur de Mozart[/b]

Et donc actuellement, beaucoup de gens connaissent (en bien ou en mal) le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart.

Certaines gens peuvent même citer le prénom de son épouse Constance ou celui de son père Léopold; mais peu connaissent sa sœur, Maria-Anna Mozart, que se proches surnommaient affectueusement Nannerl. Alors, à mon avis ils ont tord, car elle avait bien du talent.

Elle fut la part d'ombre de son illustre frangin; car autant celui-ci mena une existence de bâton de chaise, autant Nannerl eut une vie rangée et effacée.

A-t-elle composé? En fait, on le suppose mais on n'en est pas sûr. On a quelques lettres de Mozart louant les travaux de composition Nannerl, sans que celui-ci ne cite une œuvre précise de la main de sa sœur; Léopold, dans son immense correspondance n'en évoque également aucune.

Toutefois, certaines mauvaises langues saliériennes disent que Bastien-Bastienne (et autres œuvres mozartiennes initiales) auraient bien pu être une œuvre commune de Wolfgang et Nannerl. Mais personne, surtout pas Constance, ne confirma ou ne démenti jamais cette information.

[b]L'enfance[/b]

En touléka, dans leur enfance Nannerl et Wolfgang furent considérés comme également doués pour l'exécution musicale. A l'instar de son frangin, Nannerl pouvait, dès 11 ans, jouer et retranscrire la plupart des pièces pour clavecin qui lui étaient présentées.

Leur impresario de père, Léopold, arrangeait pour eux des tournées concertantes; il les produisit devant pratiquement tous les Grands de leur époque.

On peut alors légitimement supposer que le talent de compositeur de Nannerl se développa parallèlement à celui de son frère, et encouragé par celui-ci. Mais (peut-être) un jour, un motet ou un quadrige composé par cette jeune-fille mit Léopold en rage. Celui-ci ordonna alors (peut-être) à sa fille de ne plus jamais composer...

[b]La vie de famille[/b]

Ensuite, Léopold polarisa son attention sur Wolfgang et abandonna Nannerl. Il refusa qu'elle étudie le violon et la composition. Un jour, il lui annonça qu'elle devrait dorénavant rester à la maison pendant les tournées de Wolfgang.

Il l'obligea ainsi à donner des leçons de piano à des riches étudiants pendant que lui et Wolfgang feraient des tournées en Italie; la pauvre Nannerl tomba en dépression...

Par la suite, Nannerl se maria avec le magistrat Johann-Baptist-Franz von Berchtold zu Sonnenburg (1736-1801) et alla habiter Saint-Gilgen. Elle retourna à Salzburg pour donner naissance à son premier enfant, un fils qu'elle confia à la garde de Léopold.

Mais elle s'éloigna encore après le mariage de Wolfgang avec Constance Weber. Elle lui adressa une lettre après la mort de Léopold; mais cette lettre ne traite pratiquement que de dispositions testamentaires.

A la mort de Wolfgang, Nannerl se remanifesta… et commença a collectionner les compositions de son frères défunt et à faire élever un monument en l'honneur de celui-ci. Après la mort de son mari; elle retourna à Salzbourg ou elle vécu de leçons de piano.

Elle perdit le vue en 1825, et s'éteignit le 29 octobre 1829.